Laurent Silva est le cofondateur, avec son ami Thierry Dusautoir, de Melting Capital, la société d’investissement qu’ils ont créée pour dénicher des pépites Tech des écosystèmes bouillonnants de la France et du continent africain.
Laurent crée, dirige et investit depuis plus de 20 ans dans des entreprises Tech en Amérique du Nord, où il vit. Mordu d’art contemporain, il est un collectionneur averti. Père et mari comblé, il se dit ceinture noire de la vie simple.
Depuis quelque temps, le web 3.0, les NFT, la blockchain et les crypto-monnaies sont devenus son nouveau laboratoire d’expérimentation.
Il nous fait le plaisir d’un entretien sans langue de bois.
Que pensez-vous des grandes marques qui se lancent dans le web 3.0 et les NFT ?
C’est très intéressant et révélateur de tendances.
Adidas vient de signer un partenariat pour se lancer dans les NFT. Nike vient de racheter RTFKT pour proposer des baskets numériques. Ça prouve qu’ils sont dans le coup, qu’ils sont dans l’innovation. Louis Vuitton a aussi franchi le pas du web 3.0. Le fait que des grandes marques s’emparent des NFT donne des gages de garantie, de viabilité. Si les grandes marques le font, c’est bon signe.
Et puis le Web 3.0 est un important fournisseur d’emplois. Il y a déjà des villes aux États-Unis où le Web 3.0 crée plus d’emploi que le Web 2.0.
Aujourd’hui beaucoup de personnes veulent devenir entrepreneur, encore plus depuis la Covid. Et le Web 3.0 permet, via son système décentralisé, de créer tes propres outils pour entreprendre. Il y a beaucoup, beaucoup d’emplois dans le Web 3.0 et c’est pas près de s’arrêter.
On va, on va faire un petit flash back. Est-ce que vous pouvez nous raconter comment vous avez découvert les NFT ?
J’ai un associé qui m’a appelé au mois de juin et qui me dit : « Laurent, tu connais les NFT ? C’est des JPEG avec des propriétés uniques ! C’est comme de l’art contemporain !”
Je me suis dit que ça pouvait être intéressant, on s’en est reparlé, il m ‘a expliqué, il m’a initié. C’est important que ce soir une personne de confiance qui fasse découvrir les NFT. C’est fondamental d’être guidé par une personne bienveillante.
Moi, j’ai toujours aimé le monde de l’art. Je collectionne l’art contemporain et j’étais intrigué de savoir comment ça fonctionnait. Et là où c’est très fort, c’est que c’est assez addictif et j’ai un caractère assez addictif.
Donc j’ai commencé à regarder, à me documenter, à lire. Et j’ai acheté mon premier Bored Ape après trois semaines de documentation. Alors ça fait rigoler tout le monde, ma femme la première, parce que mon Bored Ape ne me ressemble pas forcément, c’est normal c’est un singe. Mais j’en ai pris un qui sourit, qui a les dents en diamants, qui a un bonnet comme moi . Le jeu, c’est d’utiliser son avatar comme photo de profil sur Twitter, car Twitter est l’un des seuls réseaux sociaux qui permette de le faire. Encore une fois, il s’agit de créer et rejoindre une communauté.
Avoir un Bored Ape ça permet de rencontrer par exemple d’autres entrepreneurs qui font partie du club. C’est un signe de reconnaissance. Ça m’a permis de rencontrer des entrepreneurs assez importants aux États-Unis qui ont vu mon singe blasé. Ça m’a fait rentrer dans un nouveau cercle.
Certes, il est possible d’acheter ton Bored Ape à des fins spéculatives, pour le revendre plus cher. Mais il y a aussi des gens comme moi qui achètent leur NFT comme une œuvre d’art. Mon Bored Ape, il me touche, mes enfants l’aiment bien. Je vais le garder. J’aime le mouvement, j’aime le côté ludique. Je trouve que c’est joli. Je l’aime bien. Et voilà !
Pensez-vous que les prix des Bored Ape soient réalistes ?
Est-ce qu’une œuvre de Jeff Koons vaut 5 millions ? C’est toujours pareil. Ça fait partie des premiers projets NFT. Les NFT, c’est un changement générationnel. Moi aujourd’hui , en tant que collectionneur, j’estime que par rapport à l’adoption, par rapport au boom, j’ai envie de dire que ça les vaut. Il y en a même qui parlent du nouvel art de la Renaissance pour les NFT. Moi, je pense que ça les vaut par rapport à l’histoire du projet.
Et du coup, est-ce que vous conseilleriez à votre maman d’investir dans les NFT ou dans les crypto ?
Alors non, pour la simple et bonne raison que cet hiver, j’ai essayé de lui expliquer. Je voyais qu’elle ne comprenaient pas même si elle était intéressée. Je dis toujours “n’investis pas dans ce que tu ne comprends pas”. Et si on hésite, il ne faut pas y aller. Les phrases ne sont pas de moi mais je m’y tiens depuis des années.
